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La migraine

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La migraine : une des maladies les plus fréquentes

La fréquence et la distribution de la migraine sont bien connues en France, pays dans lequel de grandes études épidémiologiques ont été réalisées sur cette maladie. La prévalence de la migraine a ainsi pu être estimée à près de 15 % de la population adulte avec une prédominance féminine (environ 2 femmes pour un homme). Même si elle peut affecter les enfants et les sujets âgés, la migraine est majoritairement expressive pour la tranche d’âge entre 20 et 50 ans avec un pic entre 35 et 39 ans.

La migraine : une maladie très invalidante sur le plan individuel

Dès lors qu’elle est sévère, la migraine est une maladie très invalidante responsable d’un retentissement fonctionnel personnel, professionnel et d’un retentissement émotionnel. L’association de ces retentissements est responsable d’une altération de la qualité de vie qui est présente pendant les crises mais également entre les crises. Cela entraine des conduites d’évitement chez les migraineux. Ces conduites ont pour but d’essayer de prévenir la survenue des crises. Par ailleurs, l’augmentation de la fréquence des crises peut aboutir à une migraine chronique qui s’exprime par une céphalée chronique quotidienne, définie par au moins 15 jours de céphalées dont 8 jours de migraines depuis au moins 3 mois, souvent associée à un abus médicamenteux qui dans près de la moitié des cas entretient l’état céphalalgique. Il en résulte une perte de productivité de 13 jours par an en moyenne chez les patients présentant une forme épisodique et allant jusque 67 jours par an dans la forme chronique.

La migraine : une maladie très coûteuse sur le plan sociétal

Du fait de sa grande prévalence et du retentissement qu’elle induit, la migraine est classée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) parmi les vingt maladies ayant le plus fort impact sociétal, et elle se hisse même à la neuvième place si n’est considérée que la population féminine. Ainsi, en France, près de 20 millions de nombre de journées de travail sont perdues à cause de la migraine et les dépenses de santé causées annuellement par cette dernière sont de près de 3 milliards d’euros, les deux tiers de ces coûts directs étant supportés par les 3% des sujets de la population migraineuse et chez qui la migraine s’est transformée en céphalée chronique quotidienne (CCQ).

La migraine : une maladie bien définie sur le plan clinique

La classification internationale des céphalées propose des critères diagnostiques de la migraine qui illustrent parfaitement la spécificité de la migraine par rapport aux autres céphalées.

La migraine sans aura (80 % des crises migraineuses) se traduit par la répétition de crises (au moins 5) qui durent 4 à 72 heures sans traitement. Au cours de ces crises, la céphalée est souvent unilatérale, de tonalité pulsatile, d’intensité modérée à sévère et qui s’aggrave avec les activités physiques de routine ou entraine l’évitement de ces dernières. Cette douleur peut s’accompagner d’autres symptômes et notamment d’une hyperesthésie sensorielle avec une gêne au bruit (phonophobie), à la lumière (photophobie), aux odeurs (osmophobie) et de troubles digestifs à type de nausées/vomissements.

La migraine avec aura (20 % des crises) se caractérise par des signes neurologiques, le plus souvent visuels, transitoires (moins de 60min) qui précèdent le plus souvent la céphalée.

La migraine : une maladie de diagnostic essentiellement clinique

La migraine est une maladie dont le diagnostic ne repose que sur la clinique. Ainsi dès lors que les critères diagnostiques de la migraine selon la classification internationale des céphalées sont présents et que l’examen clinique est normal, il n’est pas nécessaire de réaliser d’examens complémentaires pour porter le diagnostic de migraine.

La migraine : une physiopathologie de plus en plus précise

De grands progrès au cours des trente dernières années ont permis de préciser les mécanismes supportant la migraine. La douleur migraine est maintenant considéré comme secondaire à l’activation du système trigémino-vasculaire qui est un des systèmes assurant le tonus neuro-vasculaire. Ce système est lui-même activé par l’hypothalamus qui s’hyperactive pour des raisons encore mal comprise et cela jusque 72h avant la crise de migraine et explique les signes cliniques pouvant précédés la migraine (phase dite prodromale). Cela entraine une levée d’inhibition du tronc cérébral et du système trigémino-vasculaire. Il s’ensuit la crise migraineuse qui est le résultat d’une activation anormale du système trigémino-vasculaire et est responsable d’une inflammation ainsi que d’une dilatation des vaisseaux des méninges envellopant le cerveau.

De même il existe un consensus pour considérer que l’aura migraineuse est supportée par la dépression corticale envahissante qui est un phénomène naissant dans le cortex occipital et qui progresse vers les régions corticales antérieures.

Enfin la répétition des crises qui caractérise la maladie migraineuse résulte d’un défaut de l’excitabilité cérébrale qui est d’origine génétique (une quarantaine gènes connus) et qui rend le migraineux plus vulnérable à de multiples facteurs déclenchants les crises. Ces facteurs se caractérisent par un changement d’état (variation émotionnelle, variation de l’activité physique, variation du volume de sommeil, chute en estrogènes expliquant la crise survenant au moment des menstruations, facteurs alimentaires ou au contraire de sauts de repas…).

La migraine : une maladie qui se traite

La meilleure connaissance des mécanismes physiopathologiques de la migraine et de ces différentes formes a permis le développement d’un arsenal thérapeutique qui, s’il est bien utilisé, permet de contrôler, au moins 7 crises sur 10 et de d’améliorer globalement au moins 2 migraineux sur 3.

Cet arsenal concerne d’abord la crise qui doit être traitée par des anti-inflammatoires non stéroïdiens dont l’aspirine et/ou des triptans qui sont des vasoconstricteurs. Il également possible d’utiliser des antiémétiques en cas de nausées/vomissements associés aux crises. Récemment, une nouvelle classe thérapeutique, les gépants a eu l’autorisation de mise sur le marché

Cet arsenal concerne également le traitement de fond. Ce dernier a pour objectif de diminuer la durée des crises, leur fréquence et leur intensité. C’est un traitement à prendre de façon quotidienne pour les formes orales. Il n’exclue pas la prise d’un traitement en cas de crises. Parmi ces traitements, on peut citer les bétabloquants non cardio-sélectifs, les antidépresseurs tricycliques, des antihypertenseurs, certains antiépileptiques et des antisérotoninergiques. A ces traitements oraux s’ajoutent désormais des traitements injectables avec les anticorps monoclonaux anti-CGRP (sous-cutanés mensuels ou intraveineux trimestriel) et également l’injection de toxine botulique en trimestriel.

La migraine : une maladie avec un avenir plein de promesses

Les prochaines années pourraient permettre de grandes avancées. Ainsi l’identification des gènes expliquant la migraine hémiplégique familiale (forme de migraine à transmission autosomale dominante au cours de laquelle les crises comprennent une aura sévère motrice se traduisant par une hémiparésie ou une hémiplégie) et l’étude sur la transmission polygénique des formes plus habituelles de la migraine oriente vers un défaut de l’homéostasie glutamatergique qui pourrait être le substrat du défaut d’excitabilité cérébrale des migraineux. Par ailleurs, l’étude des prodromes et des post-dromes (signes précédant immédiatement les crises et faisant suite à ces dernières) couplée aux progrès de la neuro-imagerie devrait permettre de mieux localiser les générateurs de la migraine qui sont les régions cérébrales où s’initie la crise.

Sans attendre ces progrès, de nouvelles thérapeutiques sont déjà disponible comme le blocage du CGRP qui est un neuropeptide au cœur de l’activation du système trigémino-vasculaire. Une piste thérapeutique proposée essentiellement pour la migraine chronique en cours de développement repose également sur la neuromodulation par la stimulation de différentes structures nerveuses. Cette dernière est disponible de manière non invasive via le TENS (neuromodulation électrique nerveuse transcutanée). Enfin, les techniques psycho-comportementales montrent dans les études de plus en plus leur utilité sur le ressenti des crises. Ces techniques vont de la realxation à l’hypnose en passant par la méditation. L’activité physique de type endurance a montré un effet préventif. L’acupuncture également à court terme et peut donc être en complément d’un traitement de fond ou même seul.

La migraine : un site spécifique pour les patients 

www.sfemc.fr

Un site fait par des professionnels de la thématique afin de préparer sa consultation et d’obtenir des informations sur tout type de céphalées.